Commentaires
Trois livres, trois formes différentes ( le roman, les nouvelles, l'enquête (auto)biographique), mais surtout une même quête: la connaissance de soi, la recherche de la vérité et de la perfection, et la lutte contre l'intolérance. Pierre Ferin est un auteur authentique et attachant, qui manie l'humour et le sérieux pour nous faire partager ses doutes, ses convictions, et son amour de la littérature. A déguster sans modération. En attendant un nouveau livre espéré, on peut patienter en allant sur son blog (www.liresavie.com) pour suivre "en temps réel" ses réflexions, ses coups de gueule, et ses coups de cœur. Jean Pierre Leconte
Lorsque je me suis plongé dans ce roman "Tout en part et tout y revient" quelle belle et heureuse surprise que ce fût là !!! Roman original et passionnant que je n'ai pu quitter avant la fin "Tout en part et tout y revient" est également un roman visionnaire où l'intrigue promène allègrement le lecteur du XVème au XXIème siècles. Et ce faisant son intrigue historique évoque et explique en filigrane, de façon prémonitoire, le choc des cultures orientales et occidentales, toujours aussi souvent douloureusement vécu aujourd'hui. Dominique Rousset
"Vous saurez tout sur Marc Dubois…"D'un point de vue littéraire il y a un souffle indéniable dans cette traversée du temps, on sent la temporalité , les rebondissements dans une durée La construction avec le narrateur extérieur, le Marc Dubois et les passages de non-fiction est habile-en ce qu'elle permet une double réflexivité , celle de Marc Dubois et celle du narrateur et surtout ce qui est intéressant c'est que les deux ne se recouvrent jamais, ce qui laisse au lecteur la liberté d'interpréter, de surfer entre les deux ou même d'élaborer un autre schéma de récit ou d' « explication »Je n'ai pas les pages sous les yeux mais je pense à ce que disait Paul Ricoeur (dans un volume de « Temps et récit »)de la lecture active : que c'est une négociation entre le texte et le lecteur : je m'identifie un peu au « héros » et en même temps je m'en éloigne pour me demander comment moi j'aurais agi en de telles circonstances puis je reviens au plaisir de l'identification , sorte de va et vient ; tous les romans ne permettent pas ça, ça donne beaucoup de liberté au lecteur.
Chantal Favre-Derycke
On pourrait dire aussi de "vous saurez tout sur Marc Dubois…" qu’il est comme un labyrinthe agrémenté de miroirs dans lesquels se renvoient des visions en abyme: celle du narrateur, professeur de psychologie cognitive et ami de Marc Dubois, celle du héros qui émaille le récit de ses textes en italique intitulés “ Roman sans fiction “, celles de différents protagonistes qui se révèlent dans des missives ou des messages en ligne et enfin la vision du lecteur qui y surprend, au passage, des reflets de son propre vécu . Jean Piérard, auteur Dans "l'insupportable perfection de l'être", ma nouvelle préférée c'est "Tango", le ton est musical, léger, des notations précises très personnelles, on dirait que l'auteur connait le pays, cette déambulation a du charme, on dirait que le père dérive avec plaisir vers d'autres horizons que sa fille, le charme d'une parenthèse qu'il veut faire durer...; le ton du narrateur celui d'un dieu ironique qui regarde ses marionnettes m'a plu, c'est vraiment "conté " avec une musique d'arrière fond ! De plus on entend vraiment quelque chose de l'Argentine (le baroque des édifices, les remous sociaux, la marchandise...), la fin est abrupte mais elle n'efface pas le reste : même condamnée pas le dernier assaut de l'ex-femme, il reste cette belle promenade sur les "lieux" où vit cette fille où le personnage a capté quelque chose d'elle malgré tout ; enfin je l'ai lu comme cela! Et aussi la 5 (V2) sorte d'autoportrait littéraire. "La faute à facebook" est bien drôle, elle m'a fait penser un peu à un des "caractères" de LA Bruyère, avec cette sage maxime "faut bien accepter de ne pas tout comprendre de la vie et de sa vie... "Les oubliés" est d'une belle nostalgie, mais là aussi et dans d'autres il me semble que l'auteur "creuse" plus volontiers les émotions sexuelles que les autres (la tristesse, le ratage, les passés lourds ? "le sexe est perfection" bon ok mais j'ai trouvé les personnages féminins vraiment trés caricaturaux alors que le narrateur l'est au fond plus que ces malheureuses ! Quant à l'"hommage" à Amélie Nothomb (l’écrivaine), il est inattendu et elle m'a paru elle, prendre le dessus... Quant à la dernière (Cordobà), elle est très conséquente, en entremêlant le fil biographique réel, la visite de la mosquée et le dérapage des pénitents, l'évolution incompréhensible de la fille dans cette constellation d'intolérance (de côtés différents selon le siècle) que le narrateur rencontre aussi à Cordoue, on se dit que l'on ne sait pas tout, ni l'histoire de la fille ni le "rêve" de la vengeance contre la confiscation catholique mais après tout c'est peut être son charme, et d'autres évènements pourront apporter d'autres angles de vue ? De plus, j'ai bien aimé la description de l'édifice vu l'an dernier avec étonnement ; c'est vrai que la sensation d'harmonie vient des arcs de la mosquée pas du choeur mégalo.
Chantal Favre-Derycked'une plume alerte, entraîner son lecteur dans une certaine réalité. Malgré leur profondeur psychologique, ne croyez pas que les personnages de Pierre Ferin vont vous enfermer dans la sévérité car, malgré certains passages dramatiques, l'ironie et l'autodérision sont toujours bien présentes au fil des pages . Hormis le thème de la perfection qui apparaît en filigrane, chacun des récits entraîne le lecteur dans un monde différent. Ainsi on passe de la montagne - Hotte Savoie - à la Côte vermeille ; du port de Dieppe à la ville d'Anvers, à l'époque où elle était la cible des missiles ( V 2 ) allemands; de l'Algérie contemporaine, en période d'instabilité, à la vie virtuelle de notre époque Facebookienne; de Buenos Aires à Cordoba où s'élève la majestueuse mosquée cathédrale, monument témoin du riche passé de l'Andalousie où cohabitaient deux civilisations si différentes. Cette Mezquita de Cordoue, à laquelle l'auteur semble viscéralement attaché, lui a inspiré de si belles pages qu'elles donnent envie au lecteur d'entreprendre le voyage . Jean Piérard - auteur
Jean-Pierre Leconte Le 01 juin 2020 à 16h43
C'est l'histoire d'un homme, qui croit , comme dans un mythe de Platon, qu'il existe une deuxième moitié de nous-même, dont nous aurions été séparés, et qu'il nous faut absolument retrouver pour vivre une fusion parfaite.
C'est l'histoire d'un homme qui, tel l' "Etranger" de Camus, n'arrive pas à expliquer pourquoi il quitte brutalement sa femme, contre toute raison apparente.
C'est l'histoire d'un homme qui se cherche désespérément.
C'est un thriller psychologique comme Pierre Ferin sait si bien les "trousser", avec un style direct, des expressions originales, et des images chocs.
Si vous avez aimé tout savoir de Marc Dubois, vous serez intéressé de découvrir une tranche de la vie mouvementée d'un de ses proches parents qui s'autoproclame " un chic type".
Et n'hésitez surtout pas à donner votre avis à l'auteur sur ce dernier point !
Jean Piérard, auteur Le 06 mai 2020 à 12h17
Quand une œuvre de fiction me plaît, qu’elle soit littéraire ou cinématographique, j’aime marcher sur les chemins de la création pour y dénicher quelques détails furtifs, redécouvrir les dialogues, les subtilités du récit et de l’écriture, y étudier de plus près les caractères des personnages et revoir les milieux où ils évoluent. Alors, je me délecte à nouveau des rimes intérieures, des thèmes musicaux qui subliment les images, comme dans ce dernier roman de Pierre Ferin, agrémenté de quelques titres et extraits de chansons, ouvrage très original que je viens de relire. On ne traverse pas un livre en prenant ses jambes à son cou, on s’y attarde, comme dans un pays de cocagne, pour en sortir avec un collier de perles autour du cou !
Le héros de ce roman, le narrateur, se nomme Paul Jean Bérézine, P.J.B. , un nom bien choisi par l’auteur qui laisse augurer du destin de son personnage . C’est un être « original », comme tout un chacun, à la recherche de l’essence de sa vie.
P.J.B. n’a pas de montre mais il est né avec une horloge suisse greffée à son estomac. C’est un papa divorcé, addict à l’écriture, un fils qui porte sur le dos une mère parfois lourde ou contrariante. Mais P.J.B. est surtout un chic type, un type bien, un mâle non dominant, sensible aux voix des chanteuses qui s’élèvent vers les sommets. Ça alors ! P.J.B. aime les voix des chanteuses qui.... ! Tout comme moi ! C’est inévitable ! Dans les ouvrages de Pierre Ferin, le lecteur aperçoit souvent son propre reflet dans les introspections profondes et nuancées, les questionnements, la complexité et les contradictions des personnages. Il pourrait aussi y retrouver ses propres penchants intimes, mais là, je ne vous en dirai pas plus ! Lisez le livre !
L’auteur prend plaisir à jouer avec les mots, comme dans cette phrase fétiche : Le textile n’est plus un bas de laine . Il va jusqu’à détourner certaines expressions populaires à son profit, comme par exemple : point marre, complètement chamboulniqué. Aussi, il lui arrive d’atteindre des sommets d’originalité dans la description des personnages, un exercice difficile s’il en est... et je sais de quoi je parle. Voici un exemple, extrait d’un portrait de Virginie, une femme aussi attirante que celle qui figure sur la première de couverture du livre : [...] Elle s’est parée d’une jupe courte et froufroutante multicolore rehaussée par des hauts talons rouges . Elle offre ses longues jambes de faon aux passants qui se retournent sur elle. Un pull de laine angora moule sa poitrine triomphante. Admiratif de ce passage, je suis ! comme pourrait dire Maître Yoda dans Starwars.
Nous ne sommes pas dans un roman policier et pourtant le suspense est bien présent de bout en bout. Ce n’est donc pas un criminel que recherche P. J. B. mais le grand Amour parce que, selon lui, : pour jouir de la beauté des choses, il faut pouvoir le partager avec quelqu’un et il ne faut pas vivre comme un perdu dans un océan de solitude . Va-t-il donc, au prix de sa liberté, finir par le trouver ce grand Amour ? Je ne vais pas, ici, dévoiler la fin, je vous laisse sur votre faim, chers lecteurs ! Et pour votre plaisir encore, sachez aussi que Pierre Ferin excelle dans l’art de distiller un érotisme raffiné, en harmonie avec un romantisme attendrissant. Son récit, émaillé de rencontres envoûtantes, de rebondissements, d’élans et de turbulences, vous transportera dans le septième ciel, jusqu’au tarmac de l’épilogue, comme si vous étiez dans un avion de ligne, chouchouté par de ravissantes hôtesses .